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Touche pas à mon poste est revenu mercredi 9 septembre sur la nouvelle couverture de Paris Match, qui met en scène Nafissatou Diallo. Cette femme de chambre est devenue mondialement célèbre en 2011, au moment de ce qui est aujourd’hui communément appelé « l’affaire Dominique Strauss-Kahn« . Elle a accusé l’homme politique d’agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration. A l’époque, Dominique Strauss-Kahn était le grand favoris pour les élections présidentielles françaises. Cette histoire aura anéanti ses chances, terni sa réputation. Quant à Nafissatou Diallo, sa vie a pris un tournant terrible, elle qui confie avoir tenté de se suicider par la suite.
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Un débat animé dans Touche pas à mon poste
Valérie Bénaïm, journaliste, félicite Paris Match pour cette nouvelle couverture. Pour la chroniqueuse, les journalistes derrière cette interview ont fait un excellent travail puisque tout le monde se demandait où était passée Nafissatou Diallo. Elle explique alors en direct qu’après l’argent qu’elle a obtenu de la part de DSK (pour éviter un procès), elle a ouvert un restaurant qui a brûlé. Depuis, personne ne savait où elle se trouvait. En tant que journaliste, la chroniqueuse de l’émission loue le magazine et complimente ce travail.
Mais rapidement, le débat finit par tourner autour du fond de cette sordide histoire, dont on ne connaître jamais les tenants et aboutissants puisque la justice ne tranchera jamais (le grand jury l’inculpe le 19 mai 2011 mais les charges sont abonnés le 23 août de la même année). L’affaire a été finalement réglée – comme le prévoit la loi américaine – par une transaction financière. L’occasion pour le chroniqueur Jean-Michel Maire de prendre la parole.
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Jean-Michel Maire a participé à des soirées très intimes avec l’homme politique
Selon Jean-Michel Maire, DSK ne souhaitait pas forcément être élu président car « il n’aurait pas pu continuer à mener la vie qu’il adorait« . Le journaliste et ancien reporter de guerre ne s’arrête pas là et poursuit : « J‘en ai été témoin de sa vie puisque j’ai participé à une partie où DSK était là« . Il décide alors de préciser ses propos, face à l’incrédulité de ses camarades d’émission : « Une partie fine, une partie fine où DSK était là. »
Mais là où le débat prend une tournure qui peut être dangereuse, c’est par la suite, lorsque le chroniqueur explique l’aura que dégagerait DSK : « Il n’avait besoin de personne pour demander aux femmes d’être proches de lui. Toutes les femmes voulaient être proches de lui parce qu’il avait une aura, un pouvoir qui fait que toutes les femmes s’apprchaient de lui. J’ai été à deux soirées avec lui, dont une juste avant la présidentielle, avant que l’affaire éclate… » Une manière de rappeler que l’homme politique n’aurait jamais eu besoin d’agresser les femmes, puisque celles-ci sont naturellement attirées par lui. Un discours maladroit.
Les propos dangereux de Raymond
Le chroniqueur Raymond a par la suite donné son avis, et s’il a bien insisté sur le fait que les violences sexuelles sont inadmissibles, il a critiqué le comportement de la victime de l’histoire, Nafissatou Diallo, en disant qu’il n’aurait pas géré cette épreuve et ses conséquences de la même façon. Pour lui, la femme de chambre semble être attirée par l’argent, et il critique avec une certaine virulence son comportement suite à cette affaire. Il est repris notamment par Valérie Bénaïm, qui lui explique qu’il n’y a pas de manière normale de gérer une telle affaire. Que Nafissatou Diallo a géré cette histoire comme elle le pouvait, et que, finalement, personne ne peut dire si elle l’a bien fait ou non. Mais Raymond persiste, selon sa normalité, comme il dit, la victime de l’affaire a un comportement qu’il juge.
Et c’est un discours qui peut être dangereux. Dans les histoires d’agression sexuelle – et si heureusement les victimes commencent enfin à parler – de trop nombreux discours visent à diaboliser les femmes qui portent plainte ou déclarent avoir été abusées. Et la prise de parole de Raymond va dans ce sens. Au lieu de simplement condamner DSK, et de tenter de comprendre comment cette femme a essayé de se reconstruire, il a mis en avant son incompréhension sur ses choix de vie, cette interview, l’ouverture de son restaurant…
Or, personne – et encore moins un homme qui n’a jamais été victime d’abus sexuel – ne peut dire à une femme (ou d’une femme) comment elle doit gérer son deuil, comment elle doit reconstruire sa vie, et si ses choix et décisions sont les bonnes, car elles n’appartiennent qu’à elle.