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Depuis quelques jours, le film Mulan est disponible en vidéo à la demande sur Disney +, la plateforme de streaming qui vise à concurrencer le géant Netflix. Alors que le long métrage de Niki Caro devait être l'évènement cinématographique du premier trimestre 2020 (avec une sortie au moins de mars), l'épidémie de coronavirus a changé les plans de Disney. L'entreprise américaine a d'abord repoussé la date en vue d'une sortie mondiale durant l'été. Mais face à la présence encore bien trop importante du virus et la fermeture de milliers de cinémas à travers le monde, il a été décidé en interne que le film ne passerait pas par les salles obscures.
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Les français déçus, mais privilégiés !
Les créateurs de Mickey Mouse ont annoncé la grande nouvelle au mois d'août. Contre 30 dollars, Mulan sera disponible sur Disney + et les utilisateurs pourront donc voir le film autant de fois qu'ils le souhaitent… sur leur petit écran. Une stratégie qui étonne, mais qui est économiquement viable et intéressante. D'abord, cela permet à Disney de faire parler de sa plateforme de streaming. Et dès l'annonce du projet, la côte en bourse de Disney + a augmenté, et les téléchargements de l'application se sont multipliés par trois lors du week-end de sortie du film.
De plus, d'un strict point de vue économique, c'est une affaire intéressante pour les familles qui auraient déboursé une somme bien supérieure en allant voir le film au cinéma. En disposant de Mulan sur Disney +, les utilisateurs peuvent le voir plusieurs fois, et font donc des économies (en partant du principe qu'ils sont plusieurs dans le foyer – et le public visé par Mulan est avant tout un public familial).
D'un point de vue cinématographique, cette décision ressemble à un cauchemar pour les exploitants, eux qui attendaient avec impatience la sortie de gros films pour pousser les téléspectateurs à revenir dans les salles obscures. Tenet (de Christopher Nolan) a prouvé que les français étaient prêts à aller au cinéma, malgré la crise sanitaire actuelle. Ils en veulent à Disney de ne pas laisser une chance aux salles.
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Une sortie évènement sur le territoire chinois
Mais si plusieurs pays ont donc pu découvrir les aventures de Mulan (il ne s'agit pas d'un remake du dessin animé mais d'une nouvelle adaptation du poème et de la légende) – l'occasion pour les critiques de donner leur avis – les français, eux, ne bénéficient pas de cette découverte en avant-première. En effet, le film sera disponible gratuitement pour chaque utilisateur de Disney + début décembre. C'est en effet durant le mois des fêtes de noël que le film sera accessible pour tout le monde, sans frais supplémentaire.
En revanche, Disney comptait sortir le film dans les territoires où la plateforme Disney + n'est pas encore disponible. Et cela comprend la Chine. Disney misait beaucoup sur cette sortie chinoise puisque le film est tourné dans le pays, et comprend une distribution majoritairement composée d'acteurs chinois. Et pourtant, les premiers chiffres sont tombés et sont décevants.
Sur les trois premiers jours de la sortie de Mulan, 23,2 millions de dollars ont été récoltés, permettant au film d'être en tête d'un box-office peu éclatant. C'est beaucoup moins que Le Roi Lion (55 millions) ou La Belle et la Bête (45 millions). Ce désintérêt pourrait s'expliquer évidemment à cause du coronavirus, mais également à cause de la polémique autour de l'actrice principale du film, Liu Yifei. Cette comédienne qui incarne Mulan avait, il y a quelques mois, soutenu la police de Hong Kong, critiquée sur les réseaux sociaux pour sa violence durant les manifestations pro-démocratie.
Le peuple chinois n'a vraisemblablement pas oublié les déclarations de l'actrice et ne semble pas prêt à lui pardonner. Le box-office de Mulan en Chine est décisif pour Disney et s'il n'est pas stable, il pourrait s'agir d'un gros flop pour un long métrage qui a coûté, au bas mot, 300 millions de dollars (frais de promotion compris). Nous saurons dans quelques semaines si la stratégie choisie par Disney a été la bonne ou non.