Cela fait des années que le cinéma américain est critiqué pour son racisme. Dans les films en eux-mêmes, durant les cérémonies de récompenses, les personnes de couleurs se sentent mises de côté. Les rôles qu'on leur offre sont souvent les mêmes et peu de producteurs souhaitent mettre en avant des personnages noirs. Pourtant, la société évolue peu à peu, les discours font changer les mentalités.
Viola Davis, brillante dans la série Murder, expliquait en recevant son Emmy de la meilleure actrice que les femmes noires ne sont pas moins bonnes actrices que les blanches. Mais elles manquent d'opportunités. Un discours salvateur qui aide en parti aux évolutions positives de la société. Et Marvel, en surface, semblait l'avoir compris.
Le gros coup de Marvel avec Black Panther
Iron Man, Thor, Hulk, la Veuve Noire, Spider Man, captain america : tous ces super-héros sont blancs. En soi, ceux-ci sont basés sur des comics où les personnages sont blancs et cela ne présente pas un problème en tant que tel.
Mais les comics regorgent également de personnages de couleur. Certes, ils sont moins connus, mais si un film comme Ant Man peut fonctionner au box-office, pourquoi les autres ne le pourraient-ils pas ? Marvel a compris que les mouvements sociaux autour du racisme concernaient également l'industrie cinématographique. Ils mettent donc en chantier une adaptation de Black Panther, en introduisant d'abord le personnage dans Captain America : Civil War.
Black Panther : un succès historique
1,346,913,161 de dollars. C'est l'incroyable somme qu'a rapporté Black Panther au box-office mondial. Mieux encore, il en a rapporté plus de 700 millions rien qu'aux États-Unis, prouvant si besoin était que les citoyens du pays ne refusent pas par principe d'aller voir un film qui met en scène des personnages de couleur. L'excuse du risque financier n'est donc plus vraiment valable : les spectateurs sont en demande.
Pris en surface, il serait alors désormais difficile de considérer Marvel comme une industrie raciste. Pourtant, l'acteur Anthony Mackie n'a pas hésité à donner son avis sur la question.
L'acteur a été dérangé par les films auxquels il a participé
L'acteur explique que de tous les films où il a participé, chaque personne y travaillant était blanche. Un vrai problème selon lui.
« Ça m'a vraiment dérangé d'avoir fait sept films Marvel où chaque producteur, chaque réalisateur, chaque cascadeur, chaque costumier, chaque assistant de production, chaque individu était blanc »
Il aura fallu attendre Black Panther pour voir des personnes de couleur travailler sur un blockbuster Marvel. Mais cela n'est pas pour autant une avancée pour lui, bien au contraire.
« Nous avons eu un producteur noir, il s'appelait Nate Moore. Il a produit Black Panther. Et pour Black Panther, vous avez eu un réalisateur noir, un producteur noir, un créateur de costumes noir et un coordinateur de cascades noir. Et je me dis que c'est plus raciste qu'autre chose parce que si vous ne pouvez engager des Noirs que pour un film sur les Noirs, vous dites en fait qu'ils ne sont pas assez doués quand vous avez une distribution majoritairement blanche ?«
Une distinction entre blancs et noires très dérangeante
L'acteur pose là un vrai problème social. Il soulève des questions pertinentes sur la présence des personnes de couleur dans l'industrie et la manière dont elles sont perçues. Et surtout, il met en avant cette distinction qui est faite entre plusieurs professionnels du milieu par leur couleur de peau.
Un scénariste noir est-il dans l'incapacité d'écrire des personnages blancs ? Un producteur noir est-il plus apte à produire un film qui présente majoritairement des personnages noirs ? Cela montre au contraire un héritage de ségrégation qui divise plus qu'il n'unit.
Et si Marvel a frappé un grand coup avec Black Panther, cela ne serait finalement que des paillettes aux yeux pour l'acteur qui regrette simplement un manque de diversité au sein de toutes les productions auxquelles il a participé ; ce manque de diversité se matérialisant avec d'un côté des équipes entièrement blanches, et de l'autre des équipes entièrement noires.
Disney devrait sans doute réagir à ses propos, la boîte de production ne souhaitant certainement pas qu'une polémique, surtout en marge du mouvement Black Lives Matter, initiée par la terrible mise à mort de l'afro-américain George Floyd par des policiers blancs américains.