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Le cinéma s’inspire de la vie, mais la vie s’inspire-t-elle aussi du cinéma ? Derrière ce sujet digne d’un questionnement philosophique se cache une réalité. Et si Donald Trump avait accédé à la présidence des États-Unis grâce aux films, et plus précisément aux films de super-héros Marvel ? C’est la thèse qu’a défendu Eric Kripke, le showrunner à l’origine de The Boys, la série à succès d’Amazone Video Prime qui a dévoilé récemment sa deuxième saison. Et le lien entre le cinéma et la présence au pouvoir d’hommes politiques a déjà été questionnée par le passé, notamment en ce qui concerne le dictateur Adolf Hitler.
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Le cinéma allemand aurait-il prédit l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler ?
Au début des années 20 (quelques années avant qu’Adolf Hitler ne devienne la terrifiante figure que nous connaissons aujourd’hui), le mouvement de l’expressionnisme allemand connait un beau succès, notamment grâce au film culte Le Cabinet du docteur Caligari, et le sommet de cette époque, l’oeuvre fondatrice Metropolis (1927). Or, dès 1947, le parallèle entre le cinéma allemand et Adolf hitler ont été mises en évidence. Peuvent en effet être décryptées les prémices de l’idéologie nazie dans cette mouvance de l’expressionnisme allemand. Il ne s’agirait cependant pas d’une propagande consciente, mais au contraire de l’expression inconsciente des attentes du peuple, à la recherche d’un maître prêt à les diriger.
Il faut en effet rappeler que durant les années 20, les allemands sortent de la première mondial, un conflit dont ils sont sortis vaincus et extrêmement fragilisés. Il n’est donc pas anodin de voir un cinéma si riche suivre cette période de crise et de récession.
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Donald Trump peut-il dire merci aux films de super-héros ?
L’histoire du cinéma est marqué par des mouvements, des effets de mode, suivis en masse par les spectateurs avant qu’ils ne finissent par se lasser. Depuis une bonne dizaine d’années, c’est le film de super-héros qui prédomine notre époque. Chaque année, nous découvrons les aventures d’un Iron Man, d’un Super Man ou d’un Thor. Le film qui a rapporté le plus d’argent au monde est Avengers Endgame, et cela montre tout l’intérêt que porte le peuple à ce genre cinématographique.
Mais selon le créateur de The Boys, une série satirique sur l’univers des super-héros qui nous présente une toute autre facette de leur personnalité, cette mode serait dangereuse. Il ne parle pas tant des films en eux-mêmes, qu’il trouve réussis, mais plutôt de la fréquence avec laquelle ils sortent.
« Les gens pourraient être surpris de le savoir, mais je suis en fait un fan de Marvel. La réalisation de ces films est souvent impeccable. J’apprécie vraiment le ton humoristique avec lequel beaucoup d’entre eux sont écrits. Ils sont sournois, rapides et désinvoltes et j’aime ce style. Mon problème avec eux, ce ne sont pas les films eux-mêmes, mais c’est qu’il y en a trop au bout du compte. »
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Ces films diffusent l’idée qu’un sauveur existe !
Selon Kripke, le danger vient dans l’idéologie défendue par ces films, qui mettent en avant le fait qu’une personne est présentée comme un sauveur, qu’une situation de crise peut être réglée par une seule personne, une sorte de messie. Et cela met les spectateurs (et par extension les citoyens) en étant de passivité, eux qui attendent d’être sauvés au lieu de se sauver :
« Je ne veux pas exagérer les choses ou être trop dramatique, mais à mon sens, c‘est un peu dangereux de former une génération entière à cette idée qu’on peut attendre que quelqu’un de fort vienne vous sauver ! C’est comme ça que vous vous retrouvez avec des gens comme Trump et des populistes au pouvoir. Des gens qui disent : ‘Je suis le seul à pouvoir le faire, ça doit être moi…’ Dans la façon dont la culture pop conditionne les gens subtilement, je pense que cela les conditionne dans le mauvais sens – parce qu’il y en a trop. Alors c’est bien aussi d’avoir un correctif comme The Boys, quelque chose qui nous dit : ‘Non, ils ne viennent pas pour vous sauver. Rassemblez votre famille et sauvez-vous vous mêmes ! »
Une thèse qui a le mérite d’être bien défendue, même si elle trouvera certainement ses détracteurs. Alors Donald Trump peut-il dire merci à Superman, lui qui se comparait encore récemment au super-héros après s’être remis du coronavirus ?